Napoléon Ier abdique une première fois le 6 avril 1814 puis revient au pouvoir jusqu’au 22 juin 1815. Sa seconde abdication est consécutive à Waterloo. Les puissances européennes souhaitent clore une bonne fois pour toute la Révolution : ces grandes puissances européennes veulent rétablir l’ordre en Europe aux niveaux territorial et politique ainsi que garantir la paix. Leur objectif est de rétablir l’Ancien Régime. Cependant, les idées découlant de la Révolution française n’ont pas entièrement disparu des esprits en Europe. Cela va rendre difficile la reconstruction de l’Europe et causer une montée en puissance des aspirations libérales et nationales.

Révolution : un changement brusque de régime par le soulèvement de la population ou d’une partie.

Libéralisme : idéologie réclamant le développement des libertés individuelles et collectives.

Nationalisme : volonté d’indépendance pour un peuple soumis à un pouvoir extérieur.

Clore la Révolution en rétablissant l’ordre monarchique et la paix en Europe :

La restauration de la monarchie en France :

Charte de 1814

La famille des Bourbons revient au pouvoir en France, rétablie par les puissances européennes. On appelle cela la période de la Restauration, allant de 1814 à 1830. Louis XVIII, suivi de Charles X, se succèdent au trône de France et mettent en œuvre leur vision de la monarchie constitutionnelle.

Louis XVIII monte sur le trône après la première abdication de Napoléon 1er. Le nouveau roi est le frère de Louis XVI et l’héritier naturel du trône suite à la mort du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Louis XVII. Il rentre en France après avoir été exilé en Europe en 1791.

Louis XVIII, conscient des aspirations libérales et nationales du peuple, comprend qu’il est impossible d’avoir un retour total à la monarchie absolue et qu’il doit accepter et intégrer à son régime une partie des acquis de la Révolution de 1789. Il accepte notamment une Charte mise en place en juin 1814. Cet acte montre la volonté de compromis entre l’Ancien Régime et la Révolution française. Les pouvoirs de ce régime sont partagés dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle : le pouvoir exécutif est possédé par le roi alors que le pouvoir législatif par les représentants du peuple. Le roi gouverne alors avec deux assemblées, la Chambre des pairs, nommés par le souverain, et la Chambre des députés, élus par les citoyens les plus riches. Les pouvoirs du roi sont donc désormais limités.

Louis XVIII meurt en septembre 1824, sans héritier. Il est donc remplacé par son frère, Charles X.


Congrès de Vienne : le “concert européen” et la restauration de l’Europe des Princes :

Caricature du Congrès de Vienne : “La restitution, ou chacun son compte”, 1815

À la suite de la chute de l’empire napoléonien, les représentants des États européens se réunissent à Vienne. Metternich, le chancelier d’Autriche, lance ce congrès pour redessiner la carte et les équilibres entre puissances européennes. L’Angleterre, la Prusse et la Russie, les puissances dominantes et la France, où la monarchie vient d’être rétablie est aussi présente. Les grandes puissances redessinent les frontières Européennes à leur profit sans prendre en considération les populations concernées. Les changements qui avaient suivi la Révolution française et l’Empire ont souvent été supprimés.

➝ Klemens von Metternich était le ministre des affaires étrangères puis le chancelier de l’empire d’Autriche. Ce dernier est susceptible d’éclater à cause des revendications nationales des différents peuples qui le composent. Cependant, Metternich est très conservateur, il est contre la démocratie et l’indépendance. Pour lui, la restauration d’une Europe monarchique et des anciennes dynasties est la seule solution pour lutter contre les désordres révolutionnaires ainsi que pour garantir la stabilité politique en Europe.


Le projet de construire une paix durable :

Le 26 septembre 1815, la Sainte-Alliance est mise en place, un pacte entre les trois grandes puissances de l’Autriche, la Russie et la Prusse. Ce pacte affirme l’origine de droit divin des rois et l’obligation qu’ont les peuples d’obéir. La Sainte-Alliance est rejointe par le Royaume-Uni en novembre 1815, puis par la France en 1818.


L’ordre de Vienne contesté par l’essor du mouvement des nationalités et du libéralisme :

L’essor des mouvements nationaux :

Un mouvement libéral se développe en Europe au cours du XIXe siècle suite à la Révolution française. Ce mouvement a tendance à être accompagné de revendications nationales (➝ volonté d’indépendance politique d’une nation). Les grands empires multinationaux comme la Russie et l’Autriche subissent de fortes réactions au désir d’unité nationale.

Giuseppe Mazzini crée la “Jeune Italie” en 1831 dans le but d’unifier l’action des carbonari afin d’obtenir l’indépendance et l’unité de l’Italie et d’en faire une République. La “Jeune Europe” est créée en 1834, basée sur l’idée de Giuseppe Mazzini pour fédérer les mouvements nationalistes européens.

➝ Membres de sociétés secrètes nées en Italie luttant pour l’unité italienne. Ils défendent des idéologies libéralistes. Les carbonari sont à l’origine du Risorgimento, c’est-à-dire l’élan vers l’unité nationale italienne.

Les réunions de mouvements comme telles sont organisées de manière secrète. En effet, ces mouvements sont lourdement étouffés par les dirigeants. En Italie, les idéologies libéralistes sont aussi exprimées au travers de la musique.

En 1822, les habitants de l’île grecque de Chios ont été massacrés. En effet, la Grèce tente de s’émanciper de l’Empire ottoman mais les Grecs sont tués par l’armée. Ce massacre provoque de vives réactions en Europe : des comités philhellènes se développent notamment en France (mouvement favorable à l’indépendance des Grecs). Ces comités sont portés en particulier par le mouvement romantique (Eugène Delacroix, Victor Hugo, Lord Byron, etc.).

➝ “Le romantisme, c’est le libéralisme en littérature”, Victor Hugo dans sa préface d’Hernani, 1830.


La vague révolutionnaire de 1830 :

La Liberté guidant le peuple de Eugène Delacroix

Lorsque Charles X arrive au pouvoir en 1824 (➝ à la mort de Louis XVIII), il se rapproche des “ultras“, les royalistes voulant annuler la Charte constitutionnelle. Ces “ultras” souhaitent ainsi revenir à une royauté plus proche de l’absolutisme ce qui donne à Charles X une vision proche de l’Ancien Régime. Il instaure deux mesures qui montrent sa volonté de protéger l’Ancien Régime :

  • L’Église : la loi du sacrilège punit de mort les profanateurs d’église, instaurée le 20 avril 1825.
  • La noblesse : la loi “du milliard des émigrés” instaurée le 27 avril 1825 qui indemnise les émigrés qui avaient perdu leurs biens en septembre 1792. Ces émigrés, qui ont tout perdu, on un désir fort de revanche et veulent la restitution de leur patrimoine.

Charles X réinstaure aussi le sacre (➝ tradition à laquelle son frère Louis XVIII avait renoncé). Il est sacré le 29 mai 1825 et apparaît pleinement comme un roi de droit divin.

Charles X et son ministre mènent une politique antilibérale, c’est-à-dire plus autoritaire, dans laquelle ils remettent en cause les acquis de la Révolution. Ils vont aussi dissoudre la Chambre, dominée par les modérés, le 16 mai 1830.

L’opposition libérale prépare son remplacement (➝ grâce au journal Le National) par le duc Louis-Philippe d’Orléans. Les libéralistes l’emportent aussi de nouveau aux législatives du 19 juillet 1830 : l’opposition est donc majoritaire à la Chambre des députés.

Le 26 juillet 1830, Charles X signe et publie dans Le Moniteur universel quatre ordonnances, les “ordonnances de Saint-Cloud”. Ces ordonnances suspendent la liberté de presse, dissolvent la Chambre des députés et modifient le système électoral. Tous ces changements sont des violations de la Constitution.

La population parisienne réagit de façon violente et immédiate : le mécontentement de la foule est alors à son comble et va s’exprimer lors de trois journées révolutionnaires.

➝ Ces trois journées, les 27, 28 et 29 juillet 1830 sont désignées comme les “Trois Glorieuses”.

Durant ces trois journées :

  • Les oppositions commencent par des soulèvements populaires le 27 juillet. Les ministres ont aussi donné l’ordre de tirer sur les manifestants.
  • Le 28, les rues de Paris sont pleines d’ouvriers prenant les armes, mais ils se font tirer dessus.
  • Le 29 juillet, le dernier jour, le peuple prend le contrôle notamment grâce à la prise des casernes de la garde royale. Charles X fuit Paris.

➝ À la fin des “Trois Glorieuses”, les Bourbons sont renversés, Charles X abdique et s’enfuit en Angleterre.

Suite à ces journées, les royalistes modérés et les députés craignent la mise en place d’une République (par peur de revenir à une époque similaire à la Terreur, 1793-1794) et préfèrent maintenir une monarchie constitutionnelle. Ils sont donc favorables à l’arrivée au pouvoir de Philippe d’Orléans, le cousin de Louis XVI, présenté aux Français comme un “prince dévoué à la cause de la Révolution”.

➝ Philippe d’Orléans prend donc le pouvoir à la tête d’une monarchie constitutionnelle, c’est le début de la monarchie de Juillet (1830-1848).

Philippe d’Orléans devient roi des Français (différent du titre “roi de France”) le 9 août 1830 et prend le nom de Louis-Philippe 1er. Ce nouveau roi applique rigoureusement la Charte et accepte le drapeau tricolore. C’est un libéral, ce qui convient aux députés ainsi qu’à la bourgeoisie : il est le “roi-citoyen”. En effet, son pouvoir n’est pas absolu, il est à la tête d’une monarchie constitutionnelle :

  • La Charte est révisée en 1830 dans un sens plus libéral. Les changements apportés concernent le système électoral : baisse du prix du cens et de l’âge de majorité ce qui augmente le nombre d’électeurs.
  • Le roi exerce son pouvoir exécutif avec la Chambre des Pairs et celle des députés.

Le succès de cette nouvelle révolution française donne lieu à d’autres révolutions ailleurs en Europe. Par exemple, la Belgique veut sortir de la domination des Pays-Bas et la Pologne de celle de la Russie.

La révolution polonaise, datant de 1830, est violemment réprimée par la Russie (➝ caricature L’ordre règne à Varsovie). Cependant, certains peuples accèdent à l’indépendance et forment de nouveaux États : comme par exemple la Grèce et la Belgique en 1830.


Le printemps des peuples de 1848 :

➝ la révolution de février 1848 en France, un point de départ du printemps des peuples.

Lors de la monarchie de Juillet, les opposants accusent le roi et son régime de favoriser la bourgeoisie et d’être à l’origine de la crise économique.

En effet, les pauvres sont toujours exclus de la vie politique (➝ le suffrage étant censitaire) et lorsque la crise économique se développe dans les années 1830 puis 1840, l’opposition souhaite des réformes, davantage d’égalité et des mesures sociales. La population de Paris, composée de plus d’un million d’habitants, vit dans des conditions la plupart du temps difficiles.

Cependant, le gouvernement ne répond pas à ces demandes et interdit même les manifestations.

Le régime devient plus sévère suite à l’attentat contre le roi le 28 juillet 1835 : des lois interdisant les caricatures politiques sont mises en place.

Les républicains organisent alors la “campagne des banquets” car les réunions politiques étaient interdites. Ces opposants au régime organisent une série de ces banquets politiques pour diffuser leurs idées réformistes. Mais ces banquets sont interdits en janvier 1848 ce qui provoque des émeutes. Le roi abdique finalement le 24 février 1848.

➝ La fin de la monarchie est déclarée, la IIe République est proclamée.

La révolution française de 1848 va être suivie d’une série d’insurrections et de révoltes qui touchent l’Europe au printemps 1848 : c’est le “Printemps des peuples”.

La République universelle, démocratique et sociale de Frédéric Sorrieu

Suite à la France (22 février), l’Autriche (13 mars), la Prusse (18 mars) puis l’Italie se soulèvent. C’est ensuite au tour des nations tchèque, polonaise, hongroise et roumaine de se soulever également. Les soulèvements touchent particulièrement les grandes villes dans lesquelles les populations se battent contre les forces de l’ordre.

Globalement, les peuples européens aspirent aux même trois ordres :

  • Libérales : ils réclament plus de libertés individuelles ainsi que collectives.
  • Politiques : ils réclament une souveraineté nationale et la fin de l’absolutisme.
  • Nationales : ils souhaitent obtenir l’indépendance nationale (exemple des Hongrois, Tchèques ou Autrichiens).

Cependant, ces révolutions aboutissent rarement et sont plus souvent réprimées. En effet, la réaction des pouvoirs en place à ces révoltes populaires de 1848 fut très brutale. Dans de nombreux territoires, des attaques militaires ont eu lieu pour arrêter les révoltes.

Ces révoltes ne furent toutefois pas inutiles. En effet, elles ont permis des évolutions :

  • Dans certains endroits, les libertés proclamées demeurent.
  • Les gouvernements ont montré leur faiblesse et les peuples ont pris conscience de leur pouvoir d’action.